Athle.com : Ce week-end, vous accompagnerez l’équipe de France pour la dernière fois. Etes-vous plutôt soulagé ou triste de quitter vos fonctions de DTN ?
Robert Poirier : Mon départ n’est qu’un épiphénomène dans la vie de l’équipe de France. Ce qui m’importe aujourd’hui, c’est sa continuité. Le fait que ce soit ma dernière sélection est anecdotique. Je ne veux pas que l’équipe de France soit déstabilisée par cette situation. Mon contrat prend fin au 31 mars 2005. Comme mon successeur n’a pas encore été nommé, je me fais un plaisir d’accompagner une fois de plus les athlètes tricolores dans cette étape.

Ces championnats du monde arrivent au terme d’un automne et d’un hiver dédiés à la relance du cross-country en France. Quel bilan peut-on dresser des différentes opérations mises en œuvre ?
On peut parler d’un réel succès. En octobre, la « Semaine du cross » a amené près de trois millions de jeunes des écoles et des collèges à pratiquer le cross-country. C’est très significatif. De nombreux jeunes sont d’ailleurs invités à Saint-Etienne Saint-Galmier. Autre réussite : le « Challenge des clubs », auquel ont participé plus de 1 200 clubs. Il faut aussi souligner le succès à tous les égards des championnats de France de Roullet Saint-Estèphe. Cela confirme bien que la discipline a connu un regain de popularité cet hiver. C’est important, car en lisant les interviews d’athlètes internationaux, on se rend compte qu’ils ont souvent commencé par le cross. L’année prochaine, les opérations de relance du cross continueront, avec notamment la mise en place d’un circuit national.

Avez-vous ressenti une motivation supplémentaire chez les athlètes du fait que les Mondiaux se déroulent à domicile ?
Oui, certainement. A Roullet Saint-Estèphe, les courses ont été particulièrement disputées, et de haut niveau. Les athlètes se sont battus en sachant qu’au bout, il y avait cette sélection. Certains spécialistes de la piste ont doublé la salle et le cross, comme Maria Martins, Vincent Le Dauphin, ou Mokhtar Benhari. D’autres, comme Hind Dehiba, ont choisi de préparer uniquement les championnats d’Europe en salle. Ca lui a très bien réussi (ndlr : Hind Dehiba a remporté la médaille de bronze sur 1500 m).

Selon vous, quelles sont les chances de l’équipe de France à Saint-Galmier ?
Je pense qu’elle aura du mal dans le concert mondial, surtout chez les hommes. Je n’ai pas pu faire ce que je voulais après la blessure de Driss Maazouzi. Si tout s’était passé normalement, l’équipe masculine de cross court aurait eu de grandes chances de médaille, avec en particulier Bouabdellah Tahri et Mokhtar Benhari. Mais j’ai dû les basculer sur le cross long. Chez les filles, nous avons deux équipes relativement équilibrées puisque j’ai fait glisser Rodica Moroianu sur le cross court. Même si l’équipe de cross long possède peut-être une petite avance. Tous les athlètes, hormis Bouabdellah Tahri qui est reparti au Kenya et Driss El Himer en stage au Maroc, ont été rassemblés pour le stage de préparation à Gujan Mestras, où ils ont trouvé un climat très favorable par rapport au reste de la France.

Quels objectifs vous êtes-vous fixé pour ces Mondiaux de cross ?
L’un des deux objectifs est de rester la première nation européenne. Nous sommes toujours à la lutte avec l’équipe d’Espagne. Cela peut se jouer sur n’importe quelle course, et surtout chez les jeunes. Il faut être présent dans toutes les courses. L’autre objectif, c’est de gagner au moins une médaille. Dans quelle catégorie ? C’est tellement aléatoire… Toute médaille serait une grande satisfaction.

Pensez-vous qu’à domicile, l’équipe de France peut espérer le même succès qu’aux Mondiaux de Paris Saint-Denis en 2003 ?
Ce qui est sûr, c’est que cela va la « booster ». D’ailleurs, il n’y a qu’à voir comment les athlètes ont préparé l’événement. Mais il y a une grosse différence entre la piste et le cross. Les athlètes africains ont une telle mainmise sur la discipline…

Vous quitterez vos fonctions de DTN après cette compétition. Continuerez-vous à suivre les résultats de l’équipe de France ?
Pas de manière aussi intime que durant ces quatre dernières années, évidemment. Mais je garderai un regard attentif sur les résultats des Français. Toutefois, j’ai envie de prendre du recul. Pendant un an, je ne me rendrai pas sur les lieux des grands championnats. J’ai besoin de retrouver une vie familiale, sociale et culturelle normale. Et puis je ne veux en aucun cas gêner le prochain DTN. Je vais aussi me remettre au sport. Pas de course à pied à cause de mon genou, mais du rameur et du vélo. L’activité physique me manque énormément…

Propos recueillis par Camille Vandendriessche Athle.com

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