Pierre Weiss: «Je repars rassuré» Le directeur général de l'IAAF (la fédération internationale d'athlétisme) était hier à Saint-Etienne. A quatre mois des championnats du monde de cross-country à Saint-Galmier (19-20 mars 2005), il se dit plutôt confiant: «La préparation suit gentiment son cours».

Pierre Weiss, vous êtes le bras droit de Lamine Diack, le président de la fédération internationale d'athlétisme. Comment se présentent ces 33e Mondiaux de cross-country qui auront lieu les 19 et 20 mars prochains à Saint-Galmier ? «Tout va bien. C'est une très grosse manifestation, la plus grosse qui ait été organisée dans la région. Nous attendons entre 60 et 70 pays, plus de mille athlètes et officiels à héberger. Il faut ajouter les membres de l'organisation qui viendront de Paris et du monde entier, qui sont des spécialistes du cross-country. Il y aura aussi les journalistes, les techniciens japonais qui seront chargés du chronométrage et des résultats. En clair, cela représente plus de 1500 personnes qui viendront passer un long week-end à Saint-Galmier». «L'HÉBERGEMENT ÉTAIT NOTRE GROS SOUCI» Cela va faire du monde à loger ? «L'hébergement était notre gros souci. Il a fallu prendre le problème à bras le corps. L'infrastructure hôtelière de Saint-Etienne n'est pas celle de Bruxelles ou Lausanne, les villes qui ont accueilli les dernières éditions des Mondiaux. En 2006, nous irons au Japon, à Fukuoka. Là-bas, on a réservé un fantastique hôtel de 2000 chambres où tout le monde sera logé sous le même toit. Il y a même un zoo dans le lobby. Ici, dans la Loire, on essaye de trouver des hôtels pour tout le monde. Ce n'est pas chose facile car il faut que les infrastructures hôtelières soient adaptées aux besoins des athlètes. C'est la raison essentielle de ma venue. Le cross c'est de la course à pied. Il faut que les athlètes puissent s'entraîner, courir. On privilégie donc les hôtels proches des parcs ou des stades à ceux en centre ville». Vous avez trouvé ce que vous recherchiez ? «Nous considérons depuis hier que nous avons les solutions à nos problèmes. A mon arrivée, j'étais un peu inquiet en ce qui concerne la logistique, je repars rassuré. Le comité d'organisation ligérien nous a présenté un dossier satisfaisant. Le rapport que nous allons faire à notre président, Lamine Diack, sera positif. Il y a eu un long débat. L'aspect financier a joué car nous sommes un peu exigeants à la Fédération internationale au niveau des prix pratiqués. Il y a des plafonds à ne pas dépasser. L'hôtel le plus excentré sera à Givors. Il a l'avantage d'être sur la route de l'aéroport. 1500 personnes vont atterrir à Satolas. Il va falloir organiser les transferts». «DES INFRASTRUCTURES IMPRESSIONNANTES» Votre passage à Saint-Etienne a donc été fructueux ? «On ne nage pas dans le bonheur mais on a le sourire. Je ne vois pas d'obstacle majeur. Sur le plan technique, nous n'avons jamais eu d'inquiétude. L'hippodrome où aura lieu la compétition est très bien, il y a une totale visibilité. Les infrastructures sont mêmes impressionnantes. Elles sont parfaitement adaptées et tout est en dur. On a d'ailleurs été surpris qu'une petite commune comme Saint-Galmier possède de telles installations. Un délégué technique est venu d'Allemagne, il a trouvé le parcours acceptable. Le seul problème c'est qu'un hippodrome c'est plat. Pour durcir le tracé, on va donc construire des obstacles ponctuels artificiels. Sinon ce n'est pas du cross c'est de la piste». Hicham El Guerrouj a annoncé sa venue dans le Forez. C'est un peu la cerise sur le gâteau ? «Nous avons appris la nouvelle par voie de presse nous aussi. Cela nous fait beaucoup plaisir mais je ne sais pas s'il faut considérer que c'est une décision à 100%, un véritable engagement ou seulement un projet. Moi je considère qu'il s'agit d'un projet qui a de fortes chances d'aboutir. Nous ne faisons rien pour en savoir plus car nos règles disent que les fédérations nationales doivent nous signaler le 19 janvier si elles participent ou non aux Mondiaux. Pour des raisons de logistique, elles nous indiquent le nombre d'athlètes qui seront présents mais ce n'est que quantitatif. Après, les fédérations ont jusqu'à dix jours avant le début de la compétition pour nous donner les noms des participants. La FFA, par exemple, va attendre les championnats de France avant de nous transmettre la liste des sélectionnés». EL GUERROUJ-BEKELE, LE CHOC ATTENDU On rêve déjà d'un duel El Guerrouj-Bekele. «Ce serait merveilleux pour la beauté du spectacle, c'est évident. Kenenisa Bekele, l'Éthiopien a fait le doublé cross long/cross court ces deux dernières années. On ne sait pas encore s'il doublera à Saint-Galmier mais s'il s'alignait sur cross court, ce serait la revanche du magnifique 5000m des derniers Jeux Olympiques d'Athènes. Il n'y a pas mieux». A quatre mois du grand rendez-vous, vous commencez à sentir monter la pression ? «Plusieurs réunions sont prévues d'ici là dont une le 10 décembre où il sera question de la retransmission à la télévision. Plus de quarante pays vont pouvoir assister à l'événement. En janvier, ma collaboratrice reviendra suivre le dossier. Puis ce sera au tour des représentants de Seiko et Epson qui auront en charge le chrono et les résultats. La préparation suit son cours gentiment». Quelle est la recette du succès s'il y en a une ? «Pour savoir si c'est une réussite ou pas, on se base sur le nombre de spectateurs présents, et ce quelle que soit la qualité de l'organisation. Ceux qui peuvent apprécier la qualité de l'organisation, c'est nous, c'est-à-dire une dizaine de personnes au sein de l'IAAF. On dira «le comité local a bien bossé». Le grand public, c'est-à-dire ceux qui seront derrière leur petit écran en Argentine, au Népal ou en Océanie, diront «c'était un succès» s'il y a des gens sur les bords du parcours». THOMAS DUTANG