Athlé Magazine : Quels ont été les faits marquants de l’assemblée générale qui s’est tenue le samedi 3 décembre à Bordeaux ?
Bernard Amsalem : Pour les représentants des clubs, cette Assemblée Générale fut l’occasion de découvrir le nouveau plan d’action de la Direction technique nationale (DTN). La présentation de ce plan fut, à mon sens, le point d’orgue de l’AG.

Quels en sont les principaux axes ?
C’est un ensemble d’objectifs qui restent fidèles au plan d’action générale que j’avais présenté lors de l’Assemblée générale élective de 2004. Les grandes idées tournent autour du développement de la performance et des pratiques pour tous. Sur le plan du développement de la performance, il s’agit de pérenniser les excellents résultats que l’équipe de France d’athlétisme a réalisés aux Mondiaux d’Helsinki et lors du DécaNation. L’idée est de favoriser une durabilité de ces performances. Il faut ensuite mettre l’accent sur le développement de la pratique pour tous. L’athlétisme doit encore plus s’ouvrir auprès de nos plus jeunes licenciés, des pratiquants loisirs et des athlètes du 3ème âge. Par exemple, nous voulons accélérer le développement de la marche sportive qui présente de nombreuses qualités pour la santé et la lutte contre l’obésité. Je pense aussi à une redéfinition de l’éveil athlétique auprès des jeunes enfants. En tant que fédération délégataire, nous avons une mission de service public. Ces projets s’inscrivent dans une démarche citoyenne.

Quels seront les moyens d’actions de la fédération ?
La formation. Nous allons créer des filières pour former des animateurs spécialisés qui pourront encadrer les très jeunes pratiquants et les personnes du 3ème âge qui souhaitent faire de l’athlétisme. Nous travaillons ainsi sur un projet de création de diplôme spécialisé d’initiateur fédéral. Au niveau de l’élite, il est également important d’engager une refonte des formations d’entraîneurs grâce, notamment, aux travaux de la commission des formations dirigée par Richard Descoux. L’idée est de s’acheminer vers une spécialisation de plus en plus poussée pour avoir, à long terme, de nouveaux débouchés et des créations d’emplois dans les services déconcentrés de la Fédération, les comités départementaux et les ligues régionales. On veut inscrire notre action avec cette idée de proximité territoriale. Il faut que les ligues et les comités travaillent avec les collectivités territoriales. Le troisième étage de la fusée sera la professionnalisation de notre élite. Nous nous dirigeons vers la fondation d’une ligue professionnelle pour que les athlètes puissent enfin totalement maîtriser leur environnement (formation, fiscalité, reconversion) et réussir leur double carrière.

Comment ces projets ont-ils été reçus lors de l’AG ?
Il n’y a pas eu d’hostilité, au contraire. Je crois qu’il y a une vraie prise de conscience de chacun. Une prise de conscience qui valide ces choix d’avenir. Mais ces discours ne sont pas non plus révolutionnaires. Ils mûrissent depuis trois ou quatre ans. Tout le monde s’accorde à penser qu’il s’agit d’un passage obligé pour continuer à profiter de l’embellie qui touche l’athlétisme français depuis les Mondiaux de 2003. Pour ne pas régresser, il faut avancer. J’ai deux autres messages fondamentaux à faire passer. Primo, l’athlétisme doit rester proche de l’école. Secundo, la lutte contre le dopage doit rester une priorité.

Un petit point sur la carte, posé entre Lille et Paris, peut-il se transformer trois jours durant en capitale de l’athlétisme ? Pour Liévin, certainement. Cette ville de près de 34.000 habitants recevra, du 3 au 5 mars 2006, une partie de l’élite mondiale du premier sport olympique. Et, grande première, elle le fera le temps d’un long week-end, accueillant non pas un, mais bien deux évènements majeurs du calendrier hivernal. Premier acte, vendredi soir, le traditionnel Meeting Gaz de France Pas-de-Calais au Stade Couvert Régional, une pièce incontournable de la saison en salle, déjà riche de sept records du monde, longtemps installé en première position des réunions indoor. Deuxième acte, dimanche après-midi, la Coupe d’Europe d’Athlétisme en salle, troisième du nom, où doivent se retrouver 106 athlètes représentant dix pays.

Deux temps forts, un même lieu, le stade couvert de Liévin. Et une organisation commune, partagée entre la Fédération Française d’Athlétisme et sa ligue du Nord Pas-de-Calais. Le pari était audacieux. Il a été relevé conjointement. Le résultat : un « week-end athlé », totalement inédit, où tous les goûts seront servis. Avec le Meeting Gaz de France du Pas-de-Calais, la priorité sera donnée au spectacle, au « show », porté par une poignée de grands noms, tels Hicham El Guerrouj, engagé sur 1500 m, Christine Arron, gourmande de record (elle pourrait s’attaquer à celui du 60 m), Eunice Barber et Carolina Klüft, les deux reines des épreuves combinées, invitées pour un impitoyable bras de fer. Frankie Fredericks, le sprinter namibien, champion du monde du 200 m en 1993, en sera le parrain. Bruno Marie-Rose, auteur d’un formidable record du monde du 200 m sur cette même piste (20’’36 en 1987), sera lui aussi de la fête.

Avec la Coupe d’Europe, l’athlétisme se donnera des airs de sport d’équipe. Les athlètes y chercheront, au-delà de leur performance personnelle, à apporter à leur pays un maximum de points. Nouvelle venue dans le calendrier, cette épreuve a été organisée par deux fois à Leipzig, en 2003 et 2004. Réunissant les six premiers pays de la Coupe d’Europe en plein air, plus les deux premiers du niveau inférieur, elle devrait désormais se tenir les années paires, vierges de championnats d’Europe en salle. Une Coupe d’Europe que Ladji Doucouré, le champion du monde du 110 m haies, a déjà inscrit sur son agenda comme son unique sortie de l’hiver en compétition.
Imposé par les exigences du calendrier international, ce mélange des genres aurait pu s’apparenter à la quadrature du cercle. La Ligue du Nord Pas-de-Calais et le public nordiste l’ont souvent démontré, rien n’est impossible à Liévin. Et certainement pas de remplir, deux fois en moins de trois jours, les 4000 places assises du stade couvert. Plusieurs lycées et collèges de la région ont été mobilisés pour préparer ce double évènement, allant jusqu’à s’approprier, pendant les trois mois d’hiver, les couleurs des dix nations invitées à la Coupe d’Europe. « Une magnifique occasion de relancer l’athlétisme à l’école », comme le souligne Philippe Lamblin, le président de la ligue du Nord Pas-de-Calais.

Deux approches distinctes mais tellement complémentaires, réunies en une seule campagne pour un athlétisme d’aujourd’hui. Sous un même toit. A quelques poignées d’heures d’intervalle. Un week-end complètement Athlé. A savourer sans retenue.

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