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Fabien HARMENIL
17 Août 2005 - Gersende HAYOZ (Services Administratifs)
Fabien HARMENIL

 

Saison en stand-by pour Fabien Harménil

Jeune athlète prometteur, avec une carrière déjà bien remplie, Fabien Harménil, à 20 ans détient (entre autre) les titres de Champion interrégional de longueur Espoir 2005, de triple saut Junior 2004 et de Vice-champion de France Junior. Pourtant, même s’il est aussi performant en longueur qu’en triple saut, il a dû mettre sa saison entre parenthèse suite à une accumulation de blessures. Interview.

Tout juste diplômé du baccalauréat, le jeune athlète lyonnais licencié à l’ASPTT Lyon s’est vu obligé de déclarer forfait pour la saison estivale au mois de mai après une fracture de fatigue au niveau de l’astragale.

« Une saison en stand-by »

"Pour participer à des grands Championnats comme les Championnats d’Europe il ne faut pas être à 50% ou à 70% mais au moins à 100% de sa forme."

Quand as-tu pris la décision de déclarer forfait pour la saison estivale ?

Quand j’ai su que j’avais une fracture de fatigue et que l’on m’a dit qu’il me fallait au moins deux mois pour que j’en guérisse. Donc je me suis dit qu’il ne servait à rien que je saute même si j’allais mieux, car pour participer à des grands Championnats comme les Championnats d’Europe il ne faut pas être à 50% ou à 70% mais au moins à 100% de sa forme. Quand j’étais plus jeune, je sautais malgré les blessures, mais maintenant que j’ai grandi, je me raisonne. Les blessures forgent l’esprit.

Quand la blessure est-elle survenue ?

En fait, j’ai mal depuis le mois de septembre. Avant les grandes vacances, j’avais fait les Championnats du Monde Junior, le match en Equipe de France et les Championnats de France Jeunes. En reprenant l’entraînement en septembre j’avais un peu mal, mais je pensais que c’était à cause de la reprise, c’est pourquoi je ne suis allé consulter un médecin qu’en décembre. Et lorsque j’y suis allé, il n’a pas vu de fracture. J’ai vu ensuite plusieurs médecins. Certains pensaient que j’avais un conflit antérieur (conflit entre deux os) et le dernier médecin que j’ai vu, a regardé ma radio et a vu une petite fissure qui l’intriguait. Alors il m’a demandé de faire une scintigraphie et c’est là qu’on s’est aperçu que j’avais une fracture de fatigue. Mais entre temps, j’avais dû faire quatre compétitions (dont le Championnat de France de longueur en salle) qui ont certainement aggravé mon cas.

"Je me suis senti frustré de ne pas participer à ces Championnats, j’aurais aimé défendre mes chances."

Comment as-tu vécu l’annonce de cette blessure ?

Pas très bien. Je me suis dit « Encore une saison foutue ! Encore de l’entraînement pour pas grand-chose ! », quand tu t’entraînes pendant six mois et qu’ensuite tu te blesses... Puis après m’être calmé, j’ai reconsidéré ma situation et me suis dit que ce n’était pas grave, que je reviendrais peut-être plus fort. En tout cas, je ferais tout pour revenir plus fort. Mais je suis déçu d’avoir raté les Championnats d’Europe et les Championnats de France Jeunes.

Est-ce que tu te sens frustré de ne pas avoir participé à ces Championnats, d’autant plus que tu avais tes chances ?

Oui, bien sûr que je me suis senti frustré. D’autant plus qu’il y en a plein qui font de super performances, et pas que des plus vieux que moi. J’aurais aimé défendre mes chances. J’ai dû prendre mon mal en patience. Lorsque j’allais voir les meetings en tant que spectateur et non en tant qu’athlète, ça m’embêtait de ne pas être avec les autres athlètes, mais j’y allais quand même pour retrouver mes amis, et parce que leurs perfs et celles de mes concurrents m’intéressent.

Quelles sont les dernières compétitions auxquelles tu as participé ?

En janvier, j’avais fini 1er en longueur en salle avec 6m89. En mai, à Bron, j’étais arrivé 2ème en triple saut avec 14m82. Ma dernière compétition était à Saint Etienne, je suis arrivé premier avec 14m87 mais au cinquième essai ma cheville a recraqué, là j’ai vraiment arrêté. Et puis, j’étais quand même à un mètre de mon record : 15m87, record qui m’a sacré Champion interrégional de triple-saut l’été dernier. J’ai complètement arrêté les entraînements suite à ça. Des fois, j’aillais faire un peu d’entretien pour ne pas perdre au niveau musculaire et rester en bonne condition physique. Je fais encore quelques séances avec ma soeur et son copain Jean.

"Il y a des moments où on se dit qu’il faut s’arrêter, mais au fond de soi, on sait qu’on n’arrêtera pas. Si j’arrêtais, je ne serais pas heureux."

Malgré cette blessure, tu as accumulé des bons résultats, te classant souvent dans les trois premiers cette saison. Quel bilan peux-tu de la saison faire ?

Je n’ai pas fait grand-chose cette saison : je n’ai fait que quatre compétitions en 2005. Je suis déçu car j’aurais voulu participer aux Championnats d’Europe Espoir qui se sont déroulés en Allemagne. Mais bon tant pis. J’ai la chance d’être de l’année 85, donc j’aurais les Championnats d’Europe dans deux ans, je serais Espoir 3. Espérons que ça marche d’ici là. Je crois que c’est la saison la plus mauvaise que j’ai pu faire depuis cadet.

"Ce qui me donne aussi la force de continuer, c’est que je rêve de faire participer aux Jeux Olympiques"

Est-ce que tu as pensé à arrêter définitivement l’athlétisme ?

Il y a des moments où on se dit qu’il faut s’arrêter, mais au fond de soi, on sait qu’on ne le fera pas. Pour ma part, je ne pourrais pas arrêter l’athlétisme : si j’arrête, je ne serais pas heureux. D’ailleurs, je n’ai jamais eu vraiment envie d’arrêter complètement, juste de me vider l’esprit quelques temps et revenir plus fort. J’ai eu beaucoup de blessures. En général, quand je progresse, je me blesse ! Cette fracture n’est pas la première. Comme on dit : "ce qui ne te tue pas te rend plus fort" ! Mais j’avoue qu’avec ces blessures, j’ai été démotivé pendant quelques temps, j’étais totalement déconnecté de l’athlé, je n’ai même pas suivi les N1. Ce qui me donne aussi la force de continuer, c’est que je rêve de faire les Jeux Olympiques.

« Une vision autre de l’athlétisme »

"C’est plus le côté humain qui me plaît dans l’athlétisme."

Quand as-tu commencé l’athlétisme ?

Avant de commencer l’athlé, j’ai fait du foot et du judo pendant quatre ans. Puis j’ai eu des problèmes avec mon entraîneur de foot, alors j’ai arrêté. Ma grande sœur (NDLR :Célia Harménil, athlète de saut en longueur), faisait de l’athlé depuis quelques années et avait de bonnes perfs. Alors mon père m’a dit d’essayer. Et je me suis inscrit dans le même club qu’elle à l’ASPTT Lyon. J’étais plutôt bon en sprint notamment sur les haies. Mais je me suis fait une déchirure musculaire vers la hanche, depuis je me suis dit : « Plus jamais de haies ! ». J’ai fini par me spécialiser dans le saut où je n’étais pas trop mauvais.

Donc l’athlétisme a fini par devenir ta passion ?

Je ne dirais pas que l’athlé est ma passion. Je ne sais pas si on peut appeler ça une passion car pour moi, une passion c’est quelque chose qu’on ne contrôle pas. Il est vrai que j’aime bien, j’aime beaucoup même. Mais je n’éprouve pas forcément le besoin d’aller regarder dans des programmes les heures de diffusion d’athlétisme ou de suivre les résultats. Je suis assez détaché par rapport à ça. Il n’y a vraiment que les grandes compétitions qui peuvent m’intéresser. De plus, même si je me donne à fond, je ne suis pas non plus un fan de l’entraînement ! Disons que j’aime bien garder la forme et j’adore le sport en général. Mais j’avoue que parfois je préférerais être avec des amis !

"Je veux être fort pour participer à de grandes compétitions et vivre des expériences qui resteront à jamais dans ma mémoire."

Alors qu’apprécies-tu dans ce sport ?

C’est surtout sur le plan "humain" que l’athlétisme me plaît. De ce côté-là, c’est super. On rencontre des gens dans les compétitions, on voyage. C’est l’esprit d’équipe qui m’attire car l’athlétisme c’est une grande famille. C’est vraiment ce que j’apprécie dans ce sport. Après, il est vrai que ça fait plaisir d’aller au-delà de ses possibilités et d’être reconnu. L’athlé est un sport individuel, alors contrairement au foot, quand tu gagnes, tout le mérite te revient (et a l’entraîneur aussi !). L’athlé, à un certain niveau, exige pas mal de sacrifices, donc il faut savoir ce qu’on veut. Moi, je veux être fort et pouvoir participer aux grandes compétitions. Pas forcément pour me mesurer à plus fort que moi mais pour vivre des expériences qui je pense resteront à jamais dans ma mémoire.

As-tu dû faire des sacrifices pour l’athlétisme ?

Oui, pour ce qui est du temps libre par exemple. Quand certains jours, tu finis les cours à 17h30, et qu’il faut ensuite aller à l’entraînement et que le samedi t’as entraînement aussi l’après-midi, ça te laisse pas beaucoup de temps-libre et le dimanche il faut que tu te reposes et en plus que tu fasses tes devoirs ! Et puis, il faut aussi se coucher tôt la veille d’une compétition, ne pas manger n’importe quoi... !

"L’athlé, c’est comme une grande famille, c’est ce qui m’attire dans ce sport."

Justement, en ce qui concerne les cours, tu viens d’avoir ton bac avec mention. Comment as-tu réussi à gérer tes quatre entraînements par semaine et tes heures de cours ?

Je pense que si on veut vraiment faire les deux on fait tout pour y arriver. C’est une question de motivation, il faut savoir ce qu’on veut.

Quel est ton meilleur souvenir ?

Ce sont les Championnats du Monde UNSS, j’étais en cadets 2, j’ai terminé 3ème avec 15m47. J’ai battu mon recorde de 70 cm ! Pourtant j’étais blessé, j’avais une déchirure, mais j’ai sauté quand même. Et puis, au niveau de l’ambiance, c’était super, j’étais vraiment dégoûté de partir ! Et puis un autre bon souvenir, c’est lorsque j’ai fait 3ème au triple saut aux Championnats de France en salle en 2002.

Quelles sont selon toi les qualités requises pour pratiquer l’athlétisme ?

Tout dépend : si tu veux le faire à un haut niveau auquel cas il fait être motivé donc avoir de la détermination, de la volonté et tout ce qui va avec.

"Mon objectif pour la saison prochaine est de ne pas me blesser !"

Y a t-il des athlètes que tu apprécies ?

J’aime bien Ladji, il est humble, il ne se prend pas la tête et est très fort. Et puis, il y en a beaucoup d’autres. Comme je l’ai dit, l’athlé c’est comme une grande famille donc il y en a aussi plein d’autres que j’apprécie.

Pour conclure, quel est ton objectif pour la saison prochaine ?

Mon objectif est de ne pas me blesser ! Après si je peux aussi avoir de bons résultats, c’est bien mais je ne veux surtout pas me blesser. J’espère aussi faire un bon retour. Je veux y croire, je m’y vois encore, je suis toujours dans le coup malgré mes blessures.

 
Fabien Harménil pendant l’interview




 

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